Jean Hatzfeld revient sur les collines de Nyamata, au bord de ses marais, vingt ans après le génocide. Il donne la parole ici non plus aux tueurs et aux rescapés dont les récits peuplaient ses précédents livres, mais à leurs enfants. Ils n’ont pas connu les machettes, mais ont grandi dans leur souvenir. Ils s’appellent Idelphonse, Fabiola, Immaculée, Fabrice, sont lycéens, couturiers ou agriculteurs. Ils partagent le génocide en héritage, mais pas du tout la même histoire familiale. Dans ces familles décimées, certains ont grandi dans le silence et le mensonge, ont affronté les crachats sur le chemin de l’école, d’autres ont été confrontés aux troubles de comportement de leurs parents, à la houe sur une parcelle aride dès l’adolescence. Ils dansent ensemble, fréquentent les mêmes cafés internet mais ne parviennent jamais à parler des fantômes qui ont hanté leur enfance. Leurs récits à la première personne, au phrasé et au vocabulaire métaphorique si particuliers, se mêlent aux chroniques de la vie de tous les jours sur les parcelles ou dans la grande rue.

   J'ai lu ce livre dans le cadre du Goncourt des Lycéens, partie critique. J'avoue que je l'ai prit un peu par dépit, puisqu'il ne restait plus que lui et une histoire d'inceste un peu glauque. Je me suis dis qu'entre un génocide et un père qui viole sa fille, les témoignages du génocides étaient plus intéressants. Et ce n'est pas plus mal. Finalement, les témoignages sont touchants, et le fait de ne pas connaître le génocide et ses détails n'est pas un problème, Jean Hatzfeld et les personnes témoigants le raconte par brides, et au final, on comprend ce qu'il y a à comprendre. La langue dans laquelle l'auteur à décider de nous écrire les témoignage est celle des africain, dans ce français imagé que j'aime beaucoup. Je trouve que les mots coulent sous les yeux sans anicroches, comme ils disent. Même si je ne me suis attachée qu'à deux personnages, la mère et la fille, lire le reste ne fut pas si pire. Il n'y a pas de début, pas d'intrigue, pas de fin... Mais cette enfilade de témoignages de jeunes devient un peu répétitive, et arrive alors les témoignages des parents. Que j'ai largement préférés. Je les ai trouvé plus touchants, ne me demandez pas pourquoi... Je ne m'attarderai pas sur la dernière partie : l'avenir. Je n'y a pas savouré grand choses, mais la dernière phrase clôture bien le livre, faite moi confiance ! Je conseil ce recueil aux amateurs de témoignages et aux fidèles de Jean Hatzfeld. Ainsi qu'aux curieux, car il faut bien être curieux pour piocher ce livre. 

Je le fais aussi rentrer dans mon 26 Books Challenge, dans la catégorie "Un livre qui te rendra plus intelligent", puisque j'ai appris beaucoup en rapport avec la vie en Afrique et le génocie de 1994...